Le vélo comme alternative à la deuxième voiture

L’association continue son enquête auprès de la nouvelle génération d’entrepreneurs. Aujourd’hui, Benoit Tholence, fondateur de Sanka Cycle. (https://sanka-cycle.com/)

Une enquête faite en collaboration avec le Collectif Startups Industrielles.

Qui êtes vous ? 

Un ingénieur qui se soigne ! Je me méfie du « syndrome de l’ingénieur », qui ne voit que par la technique et qui conçoit des prototypes que personne ne veut acheter ! Un produit doit répondre à un problème pratique. La technique n’est qu’un support. 

J’en suis à ma quatrième entreprise. Pour les premières je n’ai utilisé que l’autofinancement. Cette-fois, ci ce n’est pas vraiment possible, c’est un projet industriel. 

Quel est votre projet ? 

Je veux créer le vélo des automobilistes !

Sanka Cycle est une alternative à la seconde voiture, pour le péri urbain ou le rural. Il s’agit d’un vélo électrique capotable à 4 roues et 2 places, qui sera proposé uniquement à la location. Il faut imaginer une SMART sans toit et deux fois moins large.

Cela répond à un besoin de cette partie de notre pays, où il y a peu d’offre de mobilité et où 60% des trajets sont de moins de 10km. Cela répond aussi à la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Et l’exercice physique, c’est bon pour la santé ! Sans parler de la crise énergétique qui se dessine, du fait du conflit ukrainien. 

Je m’appuie sur une base de 200 passionnés du vélo, qui diffusent le message. Le cycliste veut souvent que les autres le soient aussi ! 

Une de mes premières cibles est le nouveau rural, qui découvre, lorsqu’il s’installe à la campagne, qu’il a besoin d’acheter une seconde voiture. Pour d’autres cibles, telles que le « Gilet jaune », il faudrait des subventions. Mais les collectivités ne subventionnent-elles pas déjà des flottes de véhicules électriques ?

Ma stratégie est de ne pas me disperser et de déployer collectivité par collectivité. En particulier, parce que cela a un effet vertueux : plus on voit de vélos à un endroit, plus on a envie d’en acheter un. C’est aussi important pour créer une bonne dynamique locale avec le tissu d’acteurs existant (réparateurs, association de vélo, entreprises, …).

J’ai lancé une chaîne YouTube, pour vulgariser l’usage du vélo. Je propose pour l’instant 10 vidéos pour vulgariser la pratique. 

Je fais aussi des études de trajets. Dîtes moi où vous voulez aller, et je trouverai le parcours le plus sécurisant et le plus agréable possible. La France a l’un des réseaux routiers les plus denses d’Europe, il faut promouvoir l’utilisation des routes secondaires et chemins. Je m’appuie pour cela sur des associations de cyclistes. 

Et, finalement, je travaille à la conception et à l’industrialisation du produit. Je suis en phase de test de marché. Je fais une maquette numérique 3D du vélo, qui me permettra de mesurer l’intérêt du marché. Je vais faire un appel au client potentiel en lui demandant d’avancer le premier mois de location. Je vais aussi tester mes idées auprès d’une dizaine de communautés de communes. Je vais utiliser l’argent levé pour démontrer l’intérêt du projet à un investisseur. Si je n’en trouve pas, je rembourserai cet argent. 

Quels sont les problèmes que vous rencontrez ? 

Jusque-là je n’ai jamais eu à financer un démarrage. Je découvre que les investisseurs ne sont pas familiers des projets industriels. Ils ne voient que par le numérique. Mais la licorne va-t-elle répondre à la problématique écologique ? En attendant, je pense me tourner vers les cyclistes, dont certains ont des moyens importants. Je suis aussi intéressé par les équipementiers, qui pourraient me faire profiter de leur expérience industrielle. 

Ensuite, l’Etat ne comprend pas encore l’importance de l’aménagement de pistes cyclables. C’est un investissement d’intérêt public, ne serait-ce que parce qu’il contribue à réduire les dépenses de santé. 

Finalement, il y a un flou juridique, lié au code de la route et à la réglementation européenne. Par exemple, un quatre roues n’est pas vraiment considéré comme un vélo ! De même, il y a une législation sur le moteur électrique, qui en limite la puissance. Puissance insuffisante pour une côte. L’Etat français parle d’écologie, mais on ne comprend ce qu’il fait pour elle ! 

Et l’avenir ?

Je crois à ce projet, mais fait-il du sens pour le marché ? Si ce n’est pas le cas, je ferai autre chose ! C’est ce que va me dire le test. 

Publié par Christophe Faurie

Président association des INTERPRENEURS. Nos entreprises ont une créativité hors du commun : c'est la solution aux problèmes du pays.

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