Hugo Lambert : nos territoires débordent d’initiatives ! (Et gagnent à être connus)

Si vous voulez connaître les initiatives que prennent les territoires, rendez-vous sur le site du Lab Territorial. Rien ne lui échappe. Vous y verrez une France dynamique et créative, dont on parle bien peu !

Quelle est l’histoire du Lab territorial ? 

Je me suis très tôt, dès mes études, interessé et passionné pour le développement des territoires. Et j’ai trouvé un métier qui me permet de travailler auprès des acteurs publics et privés au service du développement économique local. 

Le Lab Territorial résulte de cet engagement. Alors que j’étais étudiant, j’ai fondé et développé un média participatif disparu depuis. 

Le Lab Territorial s’inscrit dans ce même état d’esprit : proposer des espaces de contribution et d’échanges pour mettre en avant les initiatives et idées inspirantes en matière de développement économique local. Au moment de son lancement en 2016, le sujet du développement local, de la réindustrialisation et des approches territoriales n’était pas à la mode. Moi, je constatais qu’il y avait plein de choses qui se passaient, je voulais faire remonter les bonnes pratiques !

Aujourd’hui, le Lab, c’est plus d’une trentaine d’auteurs qui publient, échangent et contribuent sur le développement territorial au sein de ce média collaboratif.

L’actualité ne fait que renforcer son utilité. La crise du COVID est un révélateur. Elle nous pose des questions existentielles : la démocratie, l’emploi, la réindustrialisation, le Made In France, la résilience de la société, l’organisation du territoire, etc. 

Depuis quelques années, notre société et notre démocratie sont sous tension. Il y a une attente d’une approche économique plus locale, plus humaine, plus compatible avec la transition écologique. Si l’on ne s’y prépare pas, nous allons au devant de nouvelles crises. Il faut prévoir, repenser notre économie et notre société. 

Les territoires font-ils preuve d’initiative ? 

Il y en a des millions ! Par exemple, les Hauts-de-France se sont engagés depuis quelques années dans la « troisième révolution industrielle », celle de la transition écologique. C’est une initiative pionnière très intéressante autour d’investissements publics et privés. L’Etat a récemment mis en place un appel à projets : Territoires d’Innovation. De nombreux territoires ont su se mobiliser pour regrouper des entreprises, des institutionnels, des académiques et des citoyens pour proposer des solutions innovantes aux grands enjeux de nos territoires en matière énergétique, de mobilité, d’industrie…

On est à un point de bascule. Les initiatives et démarches territoriales se multiplient pour engager des réponses créatives aux grands défis contemporains : la transition écologique et numérique, la recomposition géo-économique, la transformation démographique… 

Comment voyez-vous l’après déconfinement ?

Nous entrons en eaux troubles. Après le confinement, la reprise… Oui mais quelle reprise ? Les tentations seront fortes de repartir « comme avant ». Face aux défis de notre société, ce serait une erreur. A l’inverse d’autres souhaiteront mettre en œuvre le « monde d’après ». La pire des options serait de ressembler au lapin ébloui par les phares d’une voiture…

Certains secteurs sont aujourd’hui en grandes difficultés. Nous allons devoir faire preuve d’audace et de créativité pour soutenir les entreprises et les emplois. 

Par exemple, le secteur du transport aérien est entré en crise. Une crise sans précédent qui pourrait être durable pour ce secteur. L’Etat prévoit, et c’est normal, de soutenir Air France durant ce passage difficile. Mais le modèle d’Air France peut-il rester le même ou doit-il se réinventer ? C’est tout l’enjeu actuel des mesures de soutien à l’économie.

De la même manière certains sous-traitants n’ont qu’un donneur d’ordres…

Le réflexe immédiat à avoir, c’est chercher d’autres débouchés à son savoir-faire. Il faut se repositionner. Il faut être plus local, aller vers ce que les gens veulent, s’allier avec d’autres acteurs locaux. L’urgent est de réfléchir et d’agir collectivement. Il faut aller discuter avec d’autres entreprises, avec les clients. 

L’entreprise, et son champ d’intervention, est en train de se réinventer. La loi PACTE a introduit la notion « d’entreprise à mission ». C’est une entreprise qui a, et recherche, un impact social et environnemental. 

Les citoyens et consommateurs auront-ils encore envie demain d’acheter les produits et services d’une société qui ne s’inscrirait pas dans une vision plus large que le seul spectre économique ?

Quant aux territoires, ils ont géré l’urgence et essayé d’éteindre le feu. Maintenant arrive l’heure de la relance économique. Il faut renforcer l’économie du territoire. Il faut définir, pour qui, pour quoi, comment. Les territoires doivent faire un travail de réflexion. Quels sont les acteurs à soutenir ? Pour quoi faire ? 

Il y a trois niveaux d’acteurs concernés par ce sujet. L’Etat et ses opérateurs, bpifrance, la Caisse des dépôts, l’ADEME… qui jouent un rôle clé. Les régions, chefs de file, en matière de développement économique. Enfin, il y a les métropoles et les intercommunalités, qui travaillent en lien avec leur région. Elles vont être en première ligne. Bien sûr, les approches vont varier en fonction des élus et des caractéristiques des territoires. 

De grands thèmes, toutefois, devraient être communs : l’emploi en local, l’autonomie alimentaire, la réindustrialisation, le verdissement de notre économie, etc. 

Le Lab Territorial diffuse et relaie beaucoup de contenu sur ce sujet. Mon point de vue est que la société doit profiter de cette relance économique pour faire des choix. Il est important de bien réfléchir à ce que l’on veut. Le pays doit se restructurer autour de valeurs fortes et communes. Il en a besoin. Il faut remobiliser, cimenter, la société. Il faut poser la question de la population qui ne vit pas bien. Il faut produire de la résilience. Ne serait-ce que pour se préparer à un éventuel prochain drame. 

Publié par Christophe Faurie

Président association des INTERPRENEURS. Nos entreprises ont une créativité hors du commun : c'est la solution aux problèmes du pays.

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