ADN entraide

Comment être à la pointe d’un secteur hyper technologique, en bouleversement permanent, quand on est un petit prestataire ? Voilà le problème que résout Alliance du Numérique. Un entretien avec Nathalie Caussimont, animatrice du réseau. (https://www.alliancedunumerique.fr/)

Alliance du numérique, qu’est-ce ?

Alliance du numérique, c’est ADN, parce que ses membres se ressemblent tous, ils partagent le même ADN ! Ce sont des prestataires généralistes en informatique vendant en BtoB.

Son histoire ?

Elle est récente. Elle remonte à 2017. Quinze membres d’une association de prestataires informatiques ont fait sécession. Dans l’informatique, le danger est de ne pas évoluer. Ils voulaient créer une organisation qui leur permette de profiter de la modernité, de la nouveauté et du changement. Ils ont envisagé de monter un GIE, et finalement ils ont constitué une entreprise. Ils ont pensé qu’ainsi ils avaient plus de chances d’être pris au sérieux.

J’étais l’animatrice de l’association. Aujourd’hui, l’Alliance emploie 4 personnes, bientôt 6. Et elle a plus de 100 membres. C’est un très beau succès, mais il faut être vigilant.

Nous sommes bien plus qu’une « centrale d’achat ». Notre ADN, c’est l’entraide, la collaboration, la confiance, et se confronter pour s’améliorer.

Nous faisons se rencontrer ceux qui ne doutent pas et ceux qui doutent. Ce qui amène les premiers à se poser des questions et les autres à prendre conscience qu’ils sont dans le vrai. Ils ne sont pas toujours d’accord, mais ça les fait grandir.

Nous sommes une communauté. Quand un nouveau membre arrive, nous vérifions qu’il va apporter sa pierre, puis sa motivation à participer à la vie de l’Alliance. Il faut que la personne s’intègre. Nous la mettons en contact avec les autres membres. Sans interaction, la mayonnaise ne peut pas prendre. Après un an, nous lui demandons ce qu’elle tire de son expérience, elle nous répond qu’elle se sent moins seule. Que le cercle d’entreprises qu’elle fréquentait jusque-là ne lui apportait rien, en comparaison. On ouvre le champ des possibles.

Notre succès ? Nous constatons que, d’une année sur l’autre, tous nos membres augmentent leurs marges !

Quelles sont les caractéristiques de vos adhérents ?

Le chiffre d’affaires minimal est de 250.000€. Nous avons des adhérents qui réalisent 4m€ de chiffre d’affaires. La moyenne est 1m€ et 7 personnes.

Que leur apportez-vous ?

Nous sommes un groupement d’achat puissant. Par exemple, on est un partenaire Amplify Power HP .

De même, nos membres peuvent profiter de la certification technique d’autres membres sans avoir forcément à l’acquérir. S’ils ont besoin d’information, ils s’adressent à la personne qui la possède.

Et on est certifié Qualiopi. On peut former nos membres à moindre coût, avec l’intérêt supplémentaire que ces formations leur permettent de se rencontrer et de se connaître.

Nous travaillons aussi à corriger leurs points faibles, comme la prise de parole en public. Nous essayons aussi de leur faire comprendre que la communication et le marketing sont des techniques aussi rigoureuses que l’informatique.

Quels sont les sujets que vous traitez, actuellement ?

D’abord la cybersécurité. C’est un sujet très vaste et très important, avec de multiples déclinaisons.

La grande question du moment est le MSP, Managed Service Provider. Il s’agit de piloter le parc informatique d’un client à distance. Cela a beaucoup d’avantages, puisqu’il permet de gérer le matériel et la sécurité, d’en avoir une vision globale et de faire de la maintenance préventive. Ce sont des services qui se vendent sur abonnement. Cela touche toute l’entreprise, et toutes les fonctions du système d’information, sous forme de « briques », en particulier la sécurité. Elles s’ajoutent les unes aux autres.

C’est un changement complet. Certains de nos membres ont déjà totalement adopté ce modèle, d’autres sont en transition.

En fait, lorsque l’on a commencé, on n’imaginait pas où cela nous mènerait. En effet, le fait de gérer le système d’information d’une entreprise à distance entraîne des responsabilités. Un système d’information est très important pour une entreprise.  Nous avons dû faire un travail de « mutualisation » des documents juridiques. Il nous a fallu deux ans pour réussir. Un groupe de travail de 6 personnes, dont deux membres fondateurs, s’est constitué. Ce groupe a sélectionné deux avocats. Ils ont mis au point un « tronc commun » propre à tous les prestataires informatiques, avec possibilité de personnalisation.

Cela a permis des gains considérables : au lieu de payer 10 à 15.000€ pour établir un contrat, le coût de notre dispositif est de 3000€. Et surtout ça fait gagner un temps fou aux entreprises.

60 des 100 adhérents ont souscrit à ce pack juridique.

Maintenant que l’on a réglé la question juridique, il est possible d’aborder celle de la responsabilité et de l’assurance.

Nous traitons aussi des questions de mise en œuvre. Par exemple, comment présenter au client un contrat de 10 pages ? Quels sont les risques que je prends, si je ne le fais pas signer ?…

Quelle est votre méthode de travail ?

On utilise des groupes de travail et un outil collaboratif, dans le cloud, qui nous est propre.

Le MSP, par exemple, est une question complexe que nos membres ne pourraient résoudre seul. En particulier il a des volets commerciaux, juridiques et assuranciels. Ensemble on peut s’assurer que l’on pense à tout et que l’on choisit les bonnes priorités. Chacun apporte ses compétences : les plus avancés apportent leur expérience, ceux qui ont l’habitude de participer à des conférences ou à étudier les publications techniques partagent leurs découvertes, etc. Cela fait grandir tout le monde. Et chacun est, tour à tour, et suivant le sujet, leader ou suiveur.

Qu’est-ce qui fait votre succès ?

Le climat de confiance est indispensable. Nos membres se ressemblent, ils ne sont pas des concurrents directs. C’est un critère de recrutement. Seule exception : lorsque celui qui occupe un territoire juge qu’il peut y avoir une entente possible avec un candidat. Sans cela, ils ne peuvent partager leurs informations, parler de leurs clients.

Ce qui est important, c’est de maintenir la cohésion, la confiance, une dynamique.

Nous devons nous assurer que, en dépit du fait qu’ils sont « la tête sur le guidon », nos adhérents sont motivés, participent et s’investissent.

Y a-t-il une question ressources humaines ?

En termes de ressources humaines, il y a un « pacte de non-agression » entre nos membres.

Ensuite, nous constatons de grandes différences entre les grandes villes et la province. En province le personnel est fidèle, parce qu’il privilégie la qualité de la vie, et ne cherche pas à faire carrière. Ce n’est pas le cas ailleurs.

Il est vrai que l’informatique évolue. On pousse les enfants à accumuler beaucoup de certifications, si bien qu’ils deviennent trop qualifiés pour certaines de nos entreprises. En revanche, le niveau et le nombre de techniciens est insuffisant. Il faut souvent les former lorsqu’ils rejoignent l’entreprise.

Le Nord-ouest a eu l’occasion de monter un programme de formation. Mais cela n’a pas abouti. En tous cas, cela montre que c’est possible. La création d’une « académie ADN » est dans la road map mais pas dans à court terme.

D’ailleurs le MSP rend le travail plus agréable. Il n’y a pratiquement plus d’intervention en « mode pompier », de confrontation avec un client mécontent, et le télétravail est possible, ce qui est une demande forte des jeunes.

L’avenir ?

Nous voudrions, à terme, avoir des adhérents dans chaque département. Nous sommes très bien implantés dans le Nord-ouest. Le Nord-est a eu du mal à décoller, mais est bien parti. Nous avons été rejoints récemment par des Parisiens. L’Ile de France est très dynamique. C’est une autre typologie d’entreprises. Je constate que le Parisien est plus méfiant que le provincial, par exemple. Cela s’explique par le fait que la région est très concurrentielle.

Notre objectif est de recruter environ 15 adhérents supplémentaires par an. Nous n’avons perdu aucun adhérent (hormis des ventes ou changement d’activité) et nous ne voulons pas de membres qui ne se reconnaîtraient pas dans les valeurs groupement. On a d’ailleurs un système de sélection exigeant. Nous faisons remplir un dossier d’adhésion complet (compétences, structure, bilan…) : nous voulons nous assurer que l’entreprise ne se trompe pas en venant chez ADN, et que nous non plus en l’intégrant !

Nous ne dépasserons certainement pas deux-cents adhérents. Nous avançons par étapes et faisons des pauses régulières pour tirer des leçons de nos expériences.

Publié par Christophe Faurie

Président association des INTERPRENEURS. Nos entreprises ont une créativité hors du commun : c'est la solution aux problèmes du pays.

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