On entre dans une période compliquée : pensez qualité de vie au travail

Nos études ont montré que la faille de l’entrepreneur français, c’est sa solitude. Olivier Bourrel rencontre tous les jours cette solitude, et il a une réponse à lui apporter… (https://aocmediation.com/)

Quel est votre parcours ?

Tout commence par une violente crise d’adolescence. Qui fait que je n’ai pas eu le Bac. Mais j’ai été reçu au concours de l Ecole des cadres de Vichy. J’ai alors enchaîné BTS, licence, maîtrise et expertise comptable. J’ai ensuite dirigé le bureau de Vichy de Fiducial. C’était un cabinet de “beta test”, si bien que j’ai eu la chance et le privilège de tester toutes les solutions de Fiducial. Après quoi, j’ai acheté un premier cabinet d’expertise comptable de 5 personnes, que j’ai revendu 7 ans après. Il employait alors 23 collaborateurs sur 3 sites. J’ai racheté un second cabinet. Mais j’ai été victime d’un burn out. Mon médecin m’a dit de tout arrêter. Ce que j’ai fait.

Après deux ans de repos, j’ai lancé une activité de conseil en accompagnement de digitalisation de cabinet d’Expertise comptable. Et j’ai été appelé par des cabinets d’Expertise. Mais, j’ai fini par comprendre que j’allais retomber dans mes travers. C’est alors que j’ai rencontré la directrice de l’EPMN, l’école de médiation de Bordeaux. Ça a été un coup de foudre professionnel ! J’ai fait la formation de médiateur, puis j’ai obtenu toutes les certifications, y compris celle de formateur. J’ai créé AOC Médiation. Je suis aussi délégué régional Nouvelle Aquitaine de la CPMN, Membre du conseil d’administration et du bureau national, et animateur national pour toutes les régions.

Comment percevez-vous la situation du dirigeant de PME ? 

Je rencontre beaucoup de dirigeants. Ils sont dans une situation qui me rappelle la mienne avant mon burn out !

La période est compliquée. Beaucoup sont stressés, très angoissés, très focalisés sur leur activité. Ils ont de très grosses difficultés de recrutement, de cohésion des équipes. Sans compter l’augmentation des prix de l’énergie. Ils sont sous pression dans un monde en perpétuel changement où leur adaptabilité conditionne leur survie .

Quand je discute avec mes confrères experts-comptables, ils me disent que leurs clients sont en “mode résignation”. Les professionnels de santé exposent publiquement à toutes et tous la problématique de la souffrance au travail.

On entre dans une période compliquée, qui va durer longtemps. Il va falloir repenser les modèles économiques qui exigent moins de personnel. Pour cela il faut du temps. Mais le dirigeant n’en a pas. Et il y a encore trop peu d’organisations qui l’invite à réfléchir, à prendre du recul pendant deux jours de réflexion stratégiques tous les mois… Et Pourtant le succès est là.

Je suis inquiet pour notre tissu économique de PME, car la PME française repose d’abord sur les épaules de son dirigeant.

Une bonne chose est que le mouvement “me too” semble avoir libéré la parole. Il devient acceptable désormais pour un dirigeant de dire qu’il souffre. Beaucoup de secteurs ont commencé à prendre en considération la qualité de vie au travail, comme ils le font de l’écologie et du climat. Sur un marché sous tension, le capital humain, la réputation des hommes “font et feront toujours la différence”. Il faut que le dirigeant s’en préoccupe et qu’il définisse son plan d’action rapidement.

En quoi consiste votre métier ? 

Je vais prendre l’exemple de mes dernières missions. 

J’ai été appelé pour résoudre un conflit entre deux dirigeants d’un service administratif de 20 personnes. Il durait depuis dix-huit mois. C’était explosif. Après plusieurs entretiens individuels et un entretien collectif, en trois semaines, j’ai résolu le conflit. Un accord a été signé, et les personnes travaillent ensemble. 

J’ai facturé 2500€. Le client m’a dit qu’il aurait dû m’appeler dix-huit mois plus tôt. Il m’a alors demandé de mettre en place un dispositif de qualité relationnelle pour l’ensemble du service. Il s’agit, d’abord, d’un diagnostic, des entretiens individuels qui permettent de mesurer la conflictualité. Lorsqu’un problème est détecté, il est réglé par les outils et processus de la qualité relationnelle. Après quoi, il y a formation à la communication, individuelle puis collective : comment communiquer, découvrir les déclencheurs de conflits, mettre en place des outils simple de prévention. Cela se termine par une étude de satisfaction. Le tout pour 1000 à 1200 par personne environ.

J’ai aussi travaillé avec un jeune manager, qui doit reprendre l’entreprise familiale d’une centaine personnes. J’ai conçu un dispositif d’accompagnement, de formation, sur mesure, sur les fondamentaux de la qualité relationnelle, et des ateliers où il expose ses situations de tensions, je le fais travailler et réfléchir sur les processus adéquats adaptés.

Je donne aussi des formations pour devenir  manager contributif. Elles durent 28h. 14h de cours, 7h d’e-learning, 7h d’atelier. Cela peut être individuel, mais je préfère la formule collective, qui permet de l’échange, une dynamique relationnelle. 

Pour quels types de questions êtes-vous appelé ? 

Des conflits entre associés, des fusions entre entités ou des équipes, des ventes, des transmissions, des conflits professionnels, avec un fournisseur, un client mais aussi des formations préventives de montée en compétence de managers qui sont confrontés à la problématique du changement numérique, digital.

En résumé j’interviens soit suite a un conflit, une dégradation relationnelle ou pour accompagner une personne qui sort de sa “zone de confort”. 

Le propre du dirigeant français est d’être seul, quelle solution lui proposez-vous ? 

Tout d’abord, il faut comprendre la raison de sa solitude. 

Notre étude sic (système en interaction et communication) met en évidence comment une personne reçois, traite et exprime une information selon 3 axes, gauche, droit et centre. La  médiation professionnelle nous enseigne qu’un conflit existe entre deux personnes lorsque 3 pics sont constitués. Prêts d’intentions, intentions jugeantes et contraintes sont les 3 déclencheurs de tous les conflits privés ou professionnels entre deux personnes physiques. En synthèse, une personne en conflit est submergée émotionnellement, déclenche les 3 pics et bloque ses 3 axes.

Chez un dirigeant  confronté à des difficultés cela se traduit par un syndrome émotionnel amplifié de type mutisme total ou colère violente.

J’ai compris de manière rationnelle après 30 d’expertise comptable le pourquoi et le comment  du blocage émotionnel du Dirigeant en difficulté !

Maintenant et avec l’expertise de Médiateur professionnel, je suis en capacité de  diagnostiquer les pics, et d’accompagner le dirigeant pour le faire sortir de son conflit en soi et lui permettre de retrouver la rationalité.

Il va de soi que mes travaux se font dans le cadre d’une lettre de mission, d’un code de déontologie et que j’interviens avec neutralité, impartialité et totale confidentialité.

Que pensez-vous de la “génération Z” ? 

Dans son cas, il faut un accompagnement individuel. Equilibre professionnel, personnel, sens au travail, etc. Ce qui modifie complètement le rôle et la fonction des managers qui ne sont que très rarement préparés a cette évolution. Ce qui explique en partie les vagues de démissions et autres difficultés de recrutement.

Il devient urgent de sensibiliser les dirigeants a ce changement de paradigme pour que les entreprises puissent faire face à cet accompagnement.

Quels conseils donnez-vous au dirigeant ? 

On entre dans une période difficile, pour moi  la qualité de vie au travail (QVT) c’est du stratégique.

Donner du sens, construire l’entente durable, la confiance sont les fondations de la performance économique durable capable de conserver et d’attirer des talents et ce pour tous les secteurs et toutes les tailles d’entreprises.

Pour faire comprendre cela, je fais des formations découvertes de 5 h en distanciel certifiées Qualiopi. Tous ceux qui y assistent me disent qu’ils auraient dû la faire vingt ans plus tôt ! J’en souris toutes les fois car c’est également mon cas !

Je suis farouchement convaincu de  l’aspect préventif de la QVT et que les outils et processus de la médiation professionnelle sont particulièrement adaptés et finalement assez simple a assimiler  pour instaurer  l’entente durable.

En bonus, se former à la qualité relationnelle, je dirai que ce n’est pas bon que pour le bureau, ses salariés, ses clients, ses fournisseurs, pour ses amis, mais aussi pour la maison…

Publié par Christophe Faurie

Président association des INTERPRENEURS. Nos entreprises ont une créativité hors du commun : c'est la solution aux problèmes du pays.

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