L’association mène une enquête concernant les start-up industrielles en collaboration avec le Collectif Startups Industrielles France. On trouvera, ci-dessous, le rapport portant sur sa seconde campagne d’interviews, rapport donnant, aussi, accès aux 23 interviews qui le constituent.
Qu’en retenir ?
- Que ce type de start up est en train de renouveler l’économie de notre pays. A-t-on pris conscience de cela ?
- Qu’il est confronté à deux types de problèmes :
- La levée de fonds. Pour lancer une entreprise, l’Etat est particulièrement généreux, mais son aide est inutilement complexe à obtenir. Pour la phase suivante de développement de la start-up, les moyens de financement ne « sont pas en évidence ». Les fonds vers lesquels les entrepreneurs tendent à se tourner ne connaissent pas l’industrie, les autres investisseurs sont dispersés. Pour autant, si la levée de fonds est longue et « douloureuse », elle ne paraît pas impossible.
- Equipe et savoir-faire. Monter une start-up industrielle est beaucoup (infiniment) plus complexe que le lancement d’une start-up numérique. D’une part le dirigeant est souvent un chercheur, ou un technicien de grande expérience, donc sans formation à la création et à la direction d’entreprise ; d’autre part parce qu’il faut construire des usines et qu’elles doivent être aussi productives que ce qui existe déjà (contrairement à la start-up numérique, la start-up industrielle entre sur des marchés existants) : l’industrie et la production demandent compétences spécifiques et expérience. Il faut créer une équipe, ou, plus exactement, un « écosystème ».
La principale recommandation que nous faisons est de constituer un « cluster » (au sens « France Clusters » du terme), qui serait un point de ralliement de tout ce qui concerne la start-up industrielle. Ce pourrait être notre partenaire, le CSI.
Interprétations
En publiant ce rapport, nous sommes entrés en terrain miné, le terrain des idées reçues, ou de la « pensée simplifiante », selon l’expression d’Edgar Morin. En conséquence, nous devons apporter quelques précisions à nos conclusions :
- Oui, nous opposons bien PME traditionnelles et start-up industrielles. Mais, non parce qu’il y aurait les bons et les mauvais, dépassés et résistants au changement, mais parce que ces deux types d’entreprises sont le fruit de circonstances totalement différentes. La PME traditionnelle s’est développée dans un environnement hostile à l’économie, qui a produit une entreprise repliée sur elle-même. La start-up industrielle est le fruit d’une culture du management anglo-saxonne (internationale).
- Cependant, si la start-up est anglo-saxonne, c’est par ses techniques, non par ses valeurs. En particulier, son dirigeant n’a pas d’aspiration à l’enrichissement personnel. Son moteur est l’intérêt général.
- Oui, la start-up industrielle a besoin du savoir-faire de la PMI traditionnelle. Ce devrait être une évidence lorsqu’on lit nos entretiens. Il n’y a pas conflit entre elles, mais complémentarité.
- Non la PMI n’est pas condamnée. Au contraire. La constatation fondamentale sur laquelle repose le « combat » des interpreneurs est que nos entreprises traditionnelles ont un « potentiel ignoré ». Ce potentiel est celui de notre pays ! L’accumulation d’expérience et de savoir-faire qui résultent de l’histoire. Elles ont donc un potentiel de start-up. Seulement, pour le développer, il faut tenir compte de la nature réelle de son dirigeant. (Cf. Notre webinaire sur le sujet.)
- Non, la start-up industrielle n’est pas un effet de mode, ou un caprice de « gosse de riche ». Les gens que nous avons interviewés sont dirigés par leur conscience, et, pour autant, ils essaient de négocier les règles de l’économie, avec beaucoup de rigueur. Ce qui est digne d’éloges, car c’est extraordinairement compliqué.
- Non, « notre » start-up n’est pas celle du gouvernement. La start-up industrielle annonce un changement de société, et non un prolongement du GAFA, par d’autres moyens. Et c’est pour cela que le changement économique qu’elle signifie pourrait être considérable.
- Le gouvernement pense que renouveau industriel = relocalisation, alors que ce doit être une réinvention. Elle se fera par la PMI, et la start-up, essentiellement. Et l’industrie de demain ne sera pas celle d’aujourd’hui.
- Pour autant, si nous ne sommes pas d’accord avec le point de vue du gouvernement, nous ne critiquons pas son action. En effet, il a le mérite, justement, de l’action. On ne renverse pas un demi-siècle d’histoire en un claquement de doigts, et, il est quasiment impossible de percevoir la réalité lorsque l’on est au sommet de l’Olympe, et que l’on passe sa vie à exécuter des rites complexes aux quatre coins du monde. Sans compter que les « corps intermédiaires » qui étaient là pour informer l’Etat de la réalité du pays ont été victimes du dit demi-siècle d’histoire. Même si, selon l’expression anglo-saxonne, la politique gouvernementale fait « plus de chaleur que de lumière », il y a tout de même de la lumière, et celui qui a de la volonté parvient à en profiter.
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