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Repenser la douche, un enjeu pour l’habitat durable…

Poursuite de notre enquête menée en collaboration avec le Collectif Startups Industrielles. Aujourd’hui : douche et recyclage. Un poste d’économie d’énergie et d’eau étonnamment important. Un entretien avec Antoine Escande, cofondateur d’ILYA

Quel est votre parcours ? 

J’ai étudié le génie mécanique à l’INSA de Toulouse. J’y ai rencontré un ami, Simon BUORO, qui a fondé avec moi ILYA. Nous avons été très impliqués ensemble dans les associations du campus notamment pour la sensibilisation à la protection de l’environnement, ainsi que sur la réflexion sur la place des ingénieurs dans la société pour la transition. A la fin de nos études, on se demandait où nous pouvions travailler. Nous ressentions une envie forte d’être utiles à la société, contribuer à son avenir. Nous avons fait le choix de nous lancer dans la création d’une entreprise « à impact ». 

Mais quoi faire ? Nous avons choisi de repenser notre manière de prendre des douches. Car c’est le premier poste de consommation d’eau d’un foyer ainsi que le second pour l’énergie nécessaire au chauffage de l’eau. 

La première année après notre sortie de l’école, nous avons mené de front la création d’ILYA avec une première activité. Nous avons décidé de nous consacrer à plein temps à l’entreprise depuis la fin 2019. 

Quel est le concept d’ILYA ?

Une douche utilise en moyenne 80l d’eau. C’est aussi le second poste de consommation d’énergie du foyer pour la production d’eau chaude sanitaire. Nous recyclons l’eau, grâce à un système de recyclage en circuit fermé. Cela permet, quand le recyclage est activé, de ne plus prélever d’eau neuve sur le réseau et d’économiser de l’énergie, car toute l’eau récupérée est encore tiède.

En parlant avec des utilisateurs, nous avons découvert que peu de gens savent ce que consomme une douche. Nous avons donc imaginé un second produit, un compteur, qui permet de prendre conscience de sa consommation.  C’est un outil de diagnostic qui intéresse également les professionnels pour mieux connaître leur consommation et agir dessus. Nous lancerons les précommandes avec un financement participatif au mois de juin pour les particuliers et les pros.

Concernant la douche, nous allons mettre l’accent commercialement, dans un premier temps, vers les professionnels comme l’hôtellerie, les bailleurs sociaux et  les promoteurs. Mais également les particuliers sensibles via la vente directe sur notre site. Au démarrage, nous ne mettrons pas en place de distribution à grande échelle pour le B2C car cela demande beaucoup d’investissement pour du stock et de la réactivité dans la chaîne de production.

Nous arrivons à la fin de la R&D, nous entrons en phase de bêta tests pour confronter le produit aux utilisateurs et confirmer notre conception. D’ici la fin de l’année nous aurons pu déployer une dizaine de douches en Béta-test.  Nos plans nous permettent de dire que les premières douches de série sortiront en mi-2023.

Quels sont les problèmes que vous avez à résoudre ?

La complexité, d’abord. En tant qu’ingénieurs de formation, nous avions tendance, à chaque problème technique, à ajouter une brique technologique. Ce qui rendait le produit très complexe avec toutes les difficultés que cela fait apparaître : encombrement, robustesse, prix, et difficulté à industrialiser. 

Maintenant, nous nous efforçons de rationaliser : nous simplifions, pour réduire les coûts, et augmenter la durabilité. Et cela s’intègre tout à fait dans la démarche low-tech qui invite à avoir un usage raisonné de la technologie.

Ensuite nous n’avions pas d’expérience industrielle car nous nous sommes lancés directement après nos études. Nous sommes diplômés en génie mécanique et avons également suivi le diplôme étudiant-entrepreneur, mais quand il s’agit de la question de l’industrialisation, nous avons senti un manque dans l’accompagnement. L’entreprenariat, les financements, le commercial… Vous trouvez de l’aide, mais, pour l’industrialisation, on se sent seul. Comment calculer les temps de développement ainsi que les coûts de R&D ? Quelles sont les démarches de certifications ? Comment planifier efficacement  ? etc … Faute d’expérience, nous avions beaucoup de difficulté à construire des planning réalistes et utiles car atteignables. Au lancement du projet, nous n’imaginions pas la complexité d’industrialiser une douche cyclique ! Par moment cela peut avoir un effet démoralisant mais c’est là où notre détermination à offrir un produit durable nous a aidé à rester sur le pont ! 

En fait, tout est spécifique. Par exemple, pour concevoir le prix de revient d’une pièce, il faut son coût unitaire et aussi le coût de son outillage. Or sans conception détaillée de la pièce, il est très difficile d’obtenir des estimations car les fournisseurs ont plus l’habitude de fournir des devis. Cela participe de la difficulté de construire la planification et le volet financier dans le cas des projets industriels. 

Nous avons décidé de faire appel à un mentor qui a une longue expérience dans l’industrie, pour nous aider à affiner nos hypothèses ainsi que mieux anticiper les difficultés.

Troisième point, les aides. La principale difficulté est de s’y retrouver dans tout ce qui existe. Par exemple, la BPI propose un grand nombre de dispositifs différents. Et il n’est pas toujours simple d’avoir une vue claire sur tout ce qui est mobilisable ! Par exemple, on s’est rendu compte après avoir candidaté pour une aide, que l’on nous avait attribué un autre type d’aide. De plus sur les différents financements, il est très frustrant d’avoir le sentiment que ce n’est jamais le bon moment : trop tôt, trop tard ou ce critère n’est pas rempli. Il y a tout un écosystème d’organismes, mais il existe une tendance à ce que chacun s’attende et qu’il est difficile de savoir qui commence… 

Quatrième question, le sujet réglementaire et normatif. Quelles normes à appliquer ? Quel est notre rôle ? Qu’est-ce qu’on attend de nous ?… On ne sait pas vers qui se tourner. L’environnement est diffus.  Il serait très utile d’avoir un point de contact unique qui puisse nous aider à nous y retrouver dans cet environnement réglementaire et normatif. 

Finalement, il y a la difficulté liée au financement. Au tout début de l’aventure nous avons eu un coup de pouce de la fondation de notre école d’ingénieur pour permettre les premiers achats pour la conception du premier prototype. Ensuite nous avons eu le soutien de la BPI avec une première aide. Nous avons gagné plusieurs concours, plusieurs fois quelques milliers d’euros. Puis nous avons fait appel au financement participatif proposant aux particuliers de soutenir notre R&D, et nous avons obtenu 30.000€.  Et cela nous a ensuite permis d’obtenir une subvention de la région Occitanie. Tout ce parcours de financement nous a demandé beaucoup de temps et d’énergie car nous nous sommes lancés en tant que jeunes diplômés avec des apports personnels réduits.

Nous allons maintenant chercher à lever des fonds pour l’industrialisation et notamment financer les outillages. Nous souhaitons nous entourer d’investisseurs qui soient en phase avec nos valeurs et la mission d’ILYA. Nous ferons appel à la BPI, aux business angels et aux fonds à impact. Pour le financement de la première série notamment de notre outil de sensibilisation, nous allons faire appel au financement participatif et à l’emprunt bancaire. Dès que les brevets seront déposés, et que nous pourrons communiquer, nous pourrons avoir des engagements fermes des clients. 

Et votre avenir ?

Dès cette année nous allons commencer la commercialisation de notre outil de sensibilisation et la diffusion des 10 bêta-tests de douche cyclique. La production des premières douches de série devrait commencer pendant le second trimestre 2023.  Après cela, nous ne voulons pas être uniquement un bureau d’étude mais bien un acteur industriel avec un appareil productif. Nous allons commencer par garder  l’assemblage de nos douches cyclique en interne, afin de maîtriser la qualité de nos produits. A plus long terme, nous aurons une cellule d’innovation qui travaillera sur nos prochains produits, dans la douche ou visant d’autres gestes du quotidien. 

Crédits photo : P.Nin Toulouse Métropole
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Publié par Christophe Faurie

Président association des INTERPRENEURS. Nos entreprises ont une créativité hors du commun : c'est la solution aux problèmes du pays.

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