Les travaux de l’association l’ont amenée à découvrir l’importance de ce que les anthropologues appellent la « culture » dans la performance d’une nation. La culture n’est pas une force ou un handicap définitifs. Tout dépend de ce que l’on en fait ! Comme les caractéristiques physiques d’un individu, il faut apprendre à en tirer parti.
Cette constatation guide l’association. En particulier c’est le principe de l’aide qu’elle apporte à l’entrepreneur.
Nous allons en donner deux exemples à partir de questions que notre commission RH est en train d’approfondir.
Feed-back positif
Tiens-toi droit ! Notre tendance naturelle est de vouloir corriger ce qui ne va pas. Pour cette raison, on exige bien souvent de nos entreprises qu’elles suivent tel ou tel modèle.
Il y a une autre façon de procéder : le « feedback positif ». C’est partir de ses forces. Or, si vous jouez bien de vos forces, vos faiblesses ne comptent plus ! Et, même, le succès vous amène naturellement à chercher à vous améliorer. Corriger ses faiblesses n’est plus une contrainte, mais un jeu.
Quelles sont nos forces ? Elles sont très particulières. Comme le dit un de nos interviewés, Jean Saling – c’est un principe qu’il a appliqué toute sa vie : « nous savons faire ce que les autres ne savent pas faire ». Autrement dit « impossible n’est pas français ». Notre main d’oeuvre coûte plus que celle de l’Est, nous sommes moins fiables que les Allemands, mais nous savons inventer des processus qui nous rendent ultra compétitifs, et dans la mise au point desquels n’oseraient pas s’engager d’autres nations.
Pour Bill Belt, spécialiste américain de l’organisation des entreprises, la force du Français est de « penser en parallèle ». Une équipe n’a pas besoin d’un plan bien défini pour passer à l’action, elle est capable d’inventer en avançant. Le groupe de dirigeants avec lequel nous travaillons sur l’avenir de la PMI estime, ainsi, qu’un différenciateur de nos entreprises, qui va peser lourd dans les prochaines années, est la capacité de l’entreprise française à faire évoluer un produit jusqu’au moment de sa livraison.
Finalement, et c’est le point de départ de l’association : nos entreprises ont une créativité exceptionnelle.
Notre pays a des atouts maîtres. Pour les exprimer, il a besoin de techniques de coopération, compatibles avec sa culture, qui donnent des résultats immédiats, et sans moyens. C’est ce que nous cherchons.
Formuler un problème
Comprendre qu’il n’y a pas qu’une façon d’interpréter une situation a des conséquences saisissantes. Cela va bien au delà du verre à moitié vide, ou à moitié plein !
Et ce d’une part parce que l’analyse d’un événement conditionne l’action. Et que, d’autre part, une analyse positive n’est pas le contraire d’une analyse négative, mais est totalement différente.
Exemple : le pessimisme. Un revers amène le pessimiste à se désoler de ses tares. Chaque revers l’abat un peu plus. C’est la dépression. Au contraire, l’optimiste est stimulé par le revers ! Décidément, la vie est plus amusante qu’il ne le pensait ! C’est alors qu’il se transcende. Tous les champions, sportifs ou intellectuels, sont des optimistes, nous disent les psychologues. Il en est de même des pilotes d’essais, des pompiers et des entrepreneurs !
Un autre exemple. Il y a, d’un côté, le cynique, qui se replie sur lui-même, et son opposé, le visionnaire. Non seulement il ne reste pas dans sa coquille, mais il entraîne toute la société derrière lui !
Application ? Une constatation cynique et pessimiste est une bonne nouvelle ! C’est un point de départ. Il est possible de la dépasser. Alors, non seulement, le monde change d’aspect, mais des ailes nous poussent !
Et après ?
Où cela nous mène-t-il ? A une approche radicalement différente de l’entreprise et de l’entrepreneuriat, et, plus généralement, de l’existence.
Aujourd’hui, on fixe à l’entrepreneur français des objectifs, des modèles théoriques, des cadres, on lui donne en exemple l’étranger… Voilà qui rebuterait les meilleures volontés. D’ailleurs n’est-ce pas ce qui arrive à l’enfant lorsque ses parents lui expliquent ce qui est « bon pour lui » ?
Au contraire, nous pensons que ce qui compte, c’est une « attitude au monde ». C’est cette attitude qui fait les conquérants, les gens heureux, et les inventeurs des modèles que l’on nous donne en exemple ! Car le monde ne nous est pas donné, il est à créer ! Et c’est la mission de l’entrepreneur !
Un exercice d’application
A titre d’application de ces techniques, voici un exercice simple et amusant qu’a fait faire Thomas Krän à un groupe de 10 personnes : trouvez trois qualités de la culture, l’entreprise et la géographie françaises. Pas besoin de réfléchir, cela demande quelques minutes. Que répondriez-vous ?
Un avis sur « Nous avons des ailes »